Religion de l'homme blanc ?
Je jetai un coup d’œil nerveux à ma montre. Il était 13h55 et l'émission devait commencer à 14h. Mes contradicteurs, membres d'une secte
dont il est inutile de citer le nom ici, n'étaient toujours pas là. Je me trouvais dans un studio de télévision de la place de Kinshasa, capitale de la RDC (ex Zaïre), et je devais débattre sur
un sujet qui me tenait beaucoup à cœur: "La religion chrétienne est-elle la religion de l'homme blanc?"
Comme vous vous en doutez certainement, je soutenais mordicus le contraire alors que la partie adverse menait campagne
depuis des années, à cors et à cri, sur le thème de "l'abandon de la foi chrétienne comme appartenant à une culture étrangère et le retour à nos traditions propres."
Je me tournai vers l'animateur qui devenait aussi nerveux que moi:
- Où sont-ils ?
- Écoutez, Pasteur, ils devaient normalement être déjà là mais apparemment ils ont pris l'option de ne pas respecter le
rendez-vous.
Je poussai un soupir, au comble de l'exaspération.
- C'est toujours comme ça que ça se passe. Je suis sûr qu'ils se sont renseignés et se rendant compte qu'ils couraient un risque sérieux de débâcle en direct, ils ont préféré appliquer la
devise du matamore fanfaron : "Courage, fuyons !"
L'heure de l'émission étant arrivée, l'animateur dut se contenter de m'interviewer en solo et une
demi-heure plus tard le programme était terminé.
J'étais vraiment frustré car au téléphone tout avait été bien organisé et mes adversaires avaient donné
leur accord quant aux modalités du débat. Je m'étais préparé en conséquence et avais pris la résolution de ne présenter que des arguments simples mais percutants afin de ne pas ajouter
de la confusion à un thème qui était déjà assez polémique par lui-même.
J'étais d'autant plus frustré que les défenseurs de la thèse de l'abandon des "prophètes étrangers", Jésus-Christ
en tête, ne manquaient jamais de citer Papa Simon Kimbangu comme porte-flambeau de leur lutte.
Leur confusion à cet égard est criante car jamais Kimbangu n'a demandé de jeter la Bible aux orties, ni d'abjurer la foi chrétienne.
Au contraire, c'est au nom du Christ --les annales sont là pour le confirmer-- (cf l'article Shimon ha Heda http://www.123siteweb.fr/Fatima-Le-Secret/70806093 ) que Kimbangu a réalisé les miracles retentissants qui ont fait sa célébrité et son
malheur. Par malheur, comprenez que je fais allusion à la condamnation à perpétuité --30 ans de prison, 3 ans de plus que Nelson Mandela-- que lui ont valu ses exploits...
Le roi Josias et le roi Dom Afonso 1er même combat
Un roi moderne et visionnaire
Les thuriféraires du "retour à l'authenticité" et autres traditionalistes invétérés considèrent le roi m'Vemba-a-n'Zinga --devenu
Afonso 1er en 1509 lorsqu'il reconnut le Christ comme étant sien--, comme un traître.
D'après eux, c'est Afonso 1er qui aurait "vendu" le royaume aux Portugais du simple fait qu'il a été un ardent disciple du Christ. Il était roi du Kongo, de Loango, de Kakongo, de
n'Goyo, Seigneur d'Ambundu et d'Aquisima, de Musunu, de Matamba, de Mulili, de Musuku et des Anziques... C'est lui qui fit construire douze églises dans la capitale du Royaume en
l'honneur des douze Mavila. Il eut une vraie vision, un vrai projet pour un Kongo moderne, encourageant les baptêmes et accueillant les Jésuites à bras ouverts sous réserve de mener une
campagne de scolarisation à grande échelle. C'est dans ce contexte que les Jésuites ouvrirent à m'Banza Kongo, en 1548, une école pour 600 élèves entièrement financée par le roi.
Le roi Afonso 1er, outre une foi trempée dans le bronze, était féru de culture et d'une intelligence hors
du commun. Il envoya une vingtaine de jeunes Essi-Kongo, parmi lesquels son fils Lukeni Lua n'Zinga faire des études au Portugal. Celui-ci ne démérita point de son père en devenant le
premier évêque de l'Afrique subsaharienne au sein de l’Église apostolique romaine sous le nom de Dom Henrique. Il fut évêque d'Utica, cité tunisienne située non loin de
Carthage.
Comme on peut s'en rendre compte, le roi Dom Afonso 1er 'Vemba-a-'Zinga fut un monarque extraordinaire de qui le père Aguiar, un
missionnaire capucin fit, auprès du roi Manuel 1er d'Aviz du Portugal, le témoignage suivant :
“ De sa qualité de chrétien, Votre Altesse saura, qu’il me semble, à moi, que ce n’est pas un homme mais un ange que le Seigneur a
envoyé ici dans ce royaume, pour le convertir, d’après les choses qu’il dit et exprime. Car je certifie que lui, il nous enseigne et qu’il connaît les prophètes et l’Evangile de Notre Seigneur
Jésus-Christ et les vies des saints et toutes les choses de notre sainte Mère l’Eglise mieux que nous autres nous ne les connaissons ”. Cette lettre date du 25 mai
1516.
Est-il possible qu'un peuple oublie qui il est en réalité ?
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la réponse est "oui". Croyez-vous, à cet égard, que les Grecs, les Égyptiens, les
Juifs d'aujourd'hui, pour ne citer que ces quelques exemples sont du même sang que ceux qui figurent dans les livres de l'époque? Certes non. En effet, il arrive souvent qu'un peuple donné soit
écrasé sous la botte d'un conquérant --à la manière dont on écrase des données informatiques pour les remplacer par de nouvelles-- ou forcé à émigrer vers d'autres cieux; qu'à ce peuple
se substituent des étrangers qui s'accaparent de leur histoire et de leurs traditions au point de donner le change à des observateurs non avertis. Quant au peuple ayant émigré, il peut arriver
qu'il tombe dans l'amnésie et qu'au fil des siècles il ne se souvienne plus de sa grandeur passée surtout en l'absence d'annales écrites abandonnées lors de la fuite.
Certains peuples de l'Afrique tombent sous ce cas de figure.
Dans l'histoire d'Israël/Isolele il est arrivé au moins une fois que le peuple de l'alliance --n'kangu a n'kangu-- oublie complètement cette alliance en se vautrant dans
des pratiques et coutumes qui lui étaient allogènes.
Josias, le Roi de la Réforme, le Premier "Protestant"
Nous n'en voulons pour preuve que l'histoire du roi Josias, de son vrai nom Yoshiyahou.
--n'Kosiyau-- Ce monarque biblique devenu roi très jeune, alors qu'il n'était qu'un enfant de 8 ans, a vécu il y a plus de 2500 ans à l'époque du prophète Jérémie dont il était
par ailleurs le cousin. Il a régné 31 ans à Jérusalem.
A l'époque, la grande cité de Jérusalem, tout Juda, ainsi que l’ancien territoire des dix tribus étaient plongés dans l’idolâtrie la plus effrénée, entraînant les fameuses
"jérémiades" du fameux prophète (Jérémie). Il faut savoir que les innombrables femmes étrangères qu'avait épousées le roi Salomon à l'apogée de son règne l'avaient détourné de Yaweh le
Dieu de ses pères le poussant à servir des dieux étrangers. Depuis ce temps-là, le culte des idoles a toujours été présent en Juda et en Israël.
Le grand' père de Josias, Manassé, et son père Amon n'ont pas été en reste à cet égard, enfonçant le peuple de l'alliance un peu plus dans le culte des idoles.
Cependant Josias, lui, n'était pas un roi comme les autres. C'était un vrai oint de Yaweh. En effet, sa naissance avait été prophétisée 300 ans auparavant, du temps du roi Jéroboam, par
un oracle sans ambiguïté :
"Voici, un homme de Dieu arriva de Juda à Béthel, par la parole de l’Eternel, pendant que Jéroboam se tenait à l’autel pour brûler des parfums. Il cria contre l’autel, par la parole de
l’Eternel, et il dit: Autel! autel! ainsi parle l’Eternel: Voici, il naîtra un fils à la maison de David; son nom sera Josias; il immolera sur toi les prêtres des
hauts lieux qui brûlent sur toi des parfums, et l’on brûlera sur toi des ossements d’hommes!" (1Rois 13:1-2).
Voilà pourquoi très tôt, à l'âge de 16 ans, Josias commence à chercher Dieu.
"La huitième année de son règne, comme il était encore jeune, il commença à rechercher le Dieu de David, son père; et la douzième année, il commença à purifier Juda et Jérusalem des hauts
lieux, des idoles, des images taillées et des images en fonte.
On renversa devant lui les autels des Baals, et il abattit les statues consacrées au soleil qui étaient dessus; il brisa les idoles, les images taillées et les images en fonte, et
les réduisit en poussière, et il répandit la poussière sur les sépulcres de ceux qui leur avaient sacrifié; et il brûla les ossements des prêtres sur leurs autels. C’est ainsi qu’il
purifia Juda et Jérusalem" (2 Chroniques 34:2-4).
Ceci se passa quand le roi Josias avait 20 ans. A 26 ans, au cours de travaux de réfection et de rénovation qu'il avait ordonnés dans la maison de Yaweh, un nouveau tournant intervint dans la
vie et le règne de Josias: le livre de la loi que Yaweh avait donné à Moïse fut retrouvé par hasard.
"Schaphan, le secrétaire, dit au roi: le sacrificateur Hilkija m’a donné un livre. Et Schaphan le lut devant le roi. Lorsque le roi entendit les paroles de la loi, il déchira ses
vêtements." Et il ordonna ce qui suit: "Allez, consultez l’Eternel pour moi et pour ce qui reste en Israël et en Juda, au sujet des paroles de ce livre qu’on a trouvé; car grande est la
colère de l’Eternel qui s’est répandue sur nous, parce que nos pères n’ont point observé la parole de l’Eternel et n’ont point mis en pratique tout ce qui est écrit dans ce livre" (2 Chroniques
34:19-21).
Alors le roi Josias fait assembler tous les anciens de Juda et de Jérusalem.
"Puis il monta à la maison de l’Eternel avec tous les hommes de Juda et les habitants de Jérusalem, les sacrificateurs et les Lévites, et tout le peuple, depuis le plus grand jusqu’au
plus petit. Il lut devant eux toutes les paroles du livre de l’alliance, qu’on avait trouvé dans la maison de l’Eternel.
31 Le roi se tenait sur son estrade, et il traita alliance devant l’Eternel, s’engageant à suivre l’Eternel, et à observer ses ordonnances, ses préceptes et ses lois, de tout son cœur et
de toute son âme, afin de mettre en pratique les paroles de l’alliance écrites dans ce livre.
32 Et il fit entrer dans l’alliance tous ceux qui se trouvaient à Jérusalem et en Benjamin; et les habitants de Jérusalem agirent selon l’alliance de Dieu, du Dieu de leurs
pères.
33 Josias fit disparaître toutes les abominations de tous les pays appartenant aux enfants d’Israël, et il obligea tous ceux qui se trouvaient en Israël à servir l’Eternel, leur Dieu.
Pendant toute sa vie, ils ne se détournèrent point de l’Eternel, le Dieu de leurs pères" (2 Chroniques 34).
A la lumière de ce qui précède, nous constatons que le peuple de l'alliance avait oublié qui il était, commettant abominations sur
abominations devant la face de Yaweh et s'attirant sa colère. Il a fallu que le jeune Josias/Yoshiyahou/n'Kosiyau --divinement préparé-- soit touché à la lecture du rouleau
--n'kanda-- de la loi, déchire ses vêtements, s'humilie devant l'Eternel, prenne l'engagement solennel de remettre le peuple sur la bonne voie pour qu'Isolele se
souvienne enfin de qui il était.
Des millénaires plus tard, c'est exactement ce qui s'est passé avec le roi m'Vemba a n'Zinga, Dom Afonso 1er.
Conversion ou Retrouvailles ?
Comme nous l'avons mentionné plus haut, tous les témoignages concordent pour affirmer que Dom Afonso 1er a été le roi chrétien par excellence, un apôtre de la trempe d'un Paul de Tarse
et, toutes proportions gardées, un prophète de l'acabit d'un Elie par son action dans l'éradication des idoles au sein du royaume Kongo.
J'ai déjà eu l'occasion d'insister sur la fausseté d'une thèse tellement évidente à première vue, tellement répétée et matraquée à l'envi depuis des générations et des générations,
si enseignée dans les écoles et dans les livres qu'elle n'est pas discutée, même par les plus érudits d'entre nous: celle de la conversion des Essi-Kongo au monothéisme chrétien. Cela
participe du discours autogène, c'est-à-dire d'une rumeur, idéologie, ensembles d'informations que l'on tend à répéter le plus possible, à prendre en compte le plus possible,
poussé à cela non par la valeur de ce discours, mais par une illusion qui se transmet en même temps que lui.
Je le dis, l'affirme et le clame haut et fort: les Essi-Kongo n'ont pas découvert le monothéisme à l'arrivée des missionnaires portugais; ils n'ont pas eu connaissance
de l'existence d'un homme, qualifié de "Messie/Christ", sauveur de l'humanité, par la grâce des prédications des envoyés du Vatican et du roi chrétien lusitanien.
Il ne s'agissait point de découverte. Il s'agissait de retrouvailles !
Pour rendre cette thèse digestible pour chacun d'entre nous, je vais me livrer une fois de plus à un exercice que j'affectionne particulièrement. Je vous ai plongé dans l'univers
spatio-temporel de Shimon ha Heda, ce prophète qui aurait pu apparaître en Palestine en 1921, mettant le monde sens dessus dessous par les miracles "bibliques" accomplis en plein
20e siècle. En fait il s'agissait de Simon Kimbangu, issu des 12 Mavila kongo --les tribus d'Isolele-- et dont les exploits ne relèvent pas d'une histoire lointaine qu'il
s'agirait de reconstituer à grand peine, mais de l'actualité contemporaine.
Nous allons maintenant imaginer le scénario suivant: nous sommes à l'époque du roi Amon qui, vous vous en souviendrez, est le père du roi
Josias/Yoshiyahou/n'Kosiyau, le roi de la Réforme en Israël. Les Hébreux, dans leurs pérégrinations, ont fait du prosélytisme chez d'autres peuples qui ont cru au
monothéisme "javéhiste" et qui s'en sont imprégnés au point de devenir aussi judaïsants que le peuple de l'alliance lui-même.
Supposons que l'un de ces peuples convertis au judaïsme et qui habiterait à des milliers de km de la Palestine décide d'envoyer une expédition en Israël à l'époque du contexte
envisagé ici. Ils y débarquent et que constatent-ils?
Jérusalem, le sud (Benjamin et Juda) et les 10 tribus du nord (Israël) sacrifient à Baal, ce qui suppose qu'entre autres abominations, ils se livrent à la prostitution sacrée,
offrent l'encens à des Térafim (idoles), se prosternent devant des statues et des statuettes faites de bois, de fer et de pierre et --pire que tout--, font passer
leurs premiers-nés par le feu en l'honneur de Moloch !
Certainement horrifiés et scandalisés par le spectacle de ce paganisme consommé s'étalant sous leurs yeux, les membres de cette expédition venue des confins de la terre, décident de mener
une mission de purification de ce peuple à qui pourtant ils doivent leur foi.
Au cours de véritables "campagnes d'évangélisation", ce peuple ordonne "qu'on renverse devant lui les autels des Baals, qu'on abatte les statues consacrées au soleil qui étaient
dessus; qu'on brise les idoles, les images taillées et les images en fonte, qu'on les réduise en poussière, et qu'on répande la poussière sur les sépulcres de ceux qui leur avaient
sacrifié;
et enfin, qu'on brûle les ossements des prêtres "adultères" sur leurs autels".
De retour chez lui --après avoir pris soin de laisser sur place des prêtres et sacrificateurs enseignant et pratiquant la pure doctrine pour éviter le retour à l'idolâtrie-- les membres
de cette expédition rapporteront qu'ils ont trouvé en Israël un peuple païen et idolâtre qu'ils se sont employés à convertir.
Ils "oublieront" de préciser que c'est paradoxalement à ce peuple "païen et idolâtre" qu'eux-mêmes doivent leur foi à l'Eternel, l'unique créateur des cieux et de la terre.
La notion du christianisme comme religion étrangère vient de là
Donc quand les Portugais débarquent dans le Royaume Kongo, la religion autochtone consiste caricaturalement parlant à rendre un culte aux ancêtres, à mettre sa foi dans
l'animisme, le fétichisme, le totémisme, la xylolâtrie --le culte des idoles de bois-- et, par dessus tout, dans toutes sortes de superstitions --le kindoki-- qui constituent un
réel handicap au progrès.
Au fil du temps, les Essi-Kongo ont oublié que les ancêtres ont nommé leurs clans/tribus Mavila laissant entendre qu'ils ont une identité secrète qu'ils
s'évertuent de cacher afin de se faire oublier du monde pour des raisons de vie ou de mort. Ils ont oublié que leur langue est la langue de la révélation divine dont les mots les plus
banals chantent la gloire de n'Zambi/Le Créateur, le Yaweh de la Bible. Ils ont oublié ce que révèle un simple mot de leur langue --n'Kisi-- à savoir qu'ils ont donné
le Messie/Christ au monde. Ils ont oublié que les innombrables portraits "originaux" de la Madone et de l'enfant les dépeignent comme Noirs/Kongo (cf La Madone Noire de Czestochowa/Pologne).
Ils ont oublié tout cela malgré les n'gunza, les prophètes --à l'instar de Dona Kimpa Vita-- que n'Zambi/Le Créateur suscite de temps à autre en leur sein pour les ramener dans la voie
de la pureté spirituelle.
Comme il était écrit que le Messie/Christ devait revenir au sein des Essi/Kongo --n'kangu a n'kangu, peuple de l'alliance-- il était impérieux que cesse l'hérésie et que
ce peuple récupère son stolen legacy, son héritage usurpé.
Comme nul n'est prophète chez lui (Marc 6:4) n'Zambi/Le Créateur décide : "Hé bien! c’est par des hommes aux lèvres balbutiantes et au langage barbare que l’Eternel parlera à ce peuple"
(Esaïe 28:11).
Et c'est ainsi que débarquent les Portugais !
Dom Afonso 1er, c'est le Roi Josias/Yoshiyahou/n'Kosiyau du
Kongo
Assurément pour les Essi-Kongo, les Portugais sont des hommes étranges, comme surgis d'une autre planète avec leur accoutrement bizarre et, surtout, ce sont "des hommes aux lèvres
balbutiantes et au langage barbare".
- Somos Portugueses ! --Nous sommes des Portugais-- se présentent-ils aux Africains médusés.
- m'Putulukesu ! tentent ces derniers.
- Como se chama o rio ? --Comment s'appelle ce fleuve?--
- n'Zadi !
- Zaïre ! reprennent les Lusitaniens.
Les ambiguïtés vont se succéder. Les Portugais sont persuadés qu'ils ont découvert le fameux royaume chrétien du Prêtre Jean. En effet, au Moyen Age, des rumeurs persistantes
font état d'un mystérieux royaume situé en Afrique ou en Inde où un certain Prêtre Jean régnerait sur de fabuleuses richesses:
"Cette terre est traversée par un fleuve provenant du Paradis, charriant émeraudes, saphirs et rubis. Toutes les valeurs chrétiennes sont respectées à la lettre. Le vol, la
cupidité, le mensonge sont inconnus. Il n'y a pas de pauvres. Surtout pas le Prêtre Jean, dont le palais sans fenêtre est éclairé de l'intérieur par toutes les pierres précieuses dont il est
paré..."
raconte une lettre adressée à l'empereur Manuel 1er Comnène de Byzance vers 1165.
Outre la légende précitée, toujours au Moyen Age courent des récits fantastiques concernant la retraite des douze tribus d'Israël exilés au-delà du mystérieux fleuve
Sambatyon.
Nous passerons sur moult péripéties entourant la rencontre de ces deux mondes. Retenons que le roi Kongo qui accueille Diego Cão s'appelle n'Zinga Kuvu.
Il porte le même nom --Kuvu-- que le deuxième pharaon de la IVe dynastie de l'Egypte ancienne, célèbre dans le monde entier par sa pyramide, la plus haute du plateau de Gizeh (137 m), et
le sphinx --corps de lion et tête humaine-- dont les traits, avant que le nez n'en soit mutilé, sont typiquement bantu d'après le Prof. Cheikh Anta Diop.
S'agissant de retrouvailles, comme je l'ai mentionné plus loin, et non de découverte, rien d'étonnant donc que le roi n'Zinga Kuvu n'oppose aucune résistance à se faire baptiser. Il prend
le nom "chrétien" de Dom João en l'honneur de son "frère", le roi du Portugal João II.
Lorsqu'il meurt en 1506, son fils païen 'Panzu s'empare du pouvoir malgré le testament du roi stipulant que c'est son fils chrétien 'Vemba alias Dom Afonso 1er qui devait lui succéder. Ce
dernier ne se laisse pas spolier et avec 37 chefs et une troupe d'hommes fidèles, il mène bataille et remporte une victoire miraculeuse contre l'usurpateur. Rappelons que celui-ci rejette
farouchement le christianisme. Nous dirons, schématiquement, qu'il s'agit de la première bataille chrétiens contre païens de l'histoire du royaume Kongo.
La victoire du camp chrétien est surnaturelle car les chrétiens sont de loin numériquement inférieurs aux païens. Les annales, notamment une lettre du 5 octobre 1514 de
Dom Afonso 1er au roi Manuel du Portugal, rapportent qu'au plus fort du combat, au cri de "San Tiago" --Saint Jacques--, une croix
blanche a illuminé le ciel de m'Banza Kongo. Ce signe céleste jeta la panique dans le camp ennemi mettant ses troupes en fuite désordonnée.
C'est par ce prodige divin que le plus chrétien des rois kongo s'assit sur le trône du royaume pour un très long règne (1506-1543). Son œuvre de purification de la terre
sacrée des douze mavila pouvait commencer.
Entretien avec Dom Afonso 1er
Le port altier, les traits empreints d'une noblesse naturelle, le roi 'Vemba 'Zinga se tourne vers moi, souriant dans sa barbe:
- Donc, tu t'appelles n'Zeyitu Josias, on t'a présenté à moi comme serviteur du Très Haut et c'est pourquoi je te reçois sans tarder. De quel luvila es-tu ?
- m'Fumu Ne Nanga, mwana Ne 'Zinga, n'tekulu Ne Massaki, n'tekulu Ne Yeyala n'Kongo...
- m'Fumu Ne Nanga, m'Fumu n'SaKu Ne Vunda, c'est la même chose. Tu appartiens à la grande famille sacerdotale d'Isolele. Et par le luvila de ton père, nous appartenons au même
clan, celui des Ne n'Zinga...
- Je sais.
- La signification de n'Zeyitu est toute une parabole en soi. Et le nom de Josias, d'où le tiens tu ?
- De mon grand père, le m'Fumu Ne Yeyala n'Kongo, dont le nom était Toko au départ. Il a été un grand serviteur du Très Haut, un ardent serviteur du Christ. Son nom a été changé en Josias
après une vision reçue par un missionnaire anglais de la BMS.
- Je sais que les Anglais sont venus supplanter les Portugais dans l'évangélisation du Royaume, deux siècles après j'eusse été rappelé auprès des pères. Je porte encore
comme une stigmate la trahison que j'ai subie de la part du roi du Portugal et des missionnaires du Vatican, à qui je dois en grande partie la triste réputation de traître qui
collent à mes basques.
- Eh oui ! Dans l'histoire de notre nation, beaucoup affirment que si ton frère 'Panzu était monté sur le trône à ta place, il aurait chassé les Portugais et aurait su préserver nos
traditions et l'intégrité du royaume.
Le visage de 'Vemba 'Zinga se couvre d'une profonde tristesse.
- Mes détracteurs ne comprennent pas que si trahison il y eut, ce ne fut point de ma part mais de la part de ceux qui, se disant disciples du Christ, étaient en fait des
suppôts de Satan. Combien de lettres n'ai-je point écrit à mon homologue le roi du Portugal pour me plaindre de la conduite de ces missionnaires dont le but était en fait de s'enrichir
par le commerce de l'or, de l'ivoire et --suprême abomination-- dans la traite des esclaves ! J'en frémis encore aujourd'hui. Bon, je crois que le but de ta visite est de ne pas entendre
ces jérémiades de la part de ton lointain ancêtre.
- Vous avez raison, illustre aïeul. Mon but principal en sollicitant cet entretien est de comprendre pourquoi tu as embrassé le christianisme avec un tel enthousiasme. Cette foi nouvelle
n'allait-elle pas à l'encontre de nos traditions et coutumes ?
- Je voudrais d'abord te confier solennellement ceci: le missionnaire qui a donné le nom de Josias à ton grand-père a été effectivement inspiré par n'Zambi/Le Créateur. Il m'est agréable
de te dire que la mission que le Très Haut m'a confiée était en tous points semblables à celle du roi Josias, petit-fils de Manassé, fils d'Amon. Celle de rappeler au peuple l'alliance
plurimillénaire conclue avec n'Zambi/Le Créateur.
Josias est un nom kongo grécisé. En effet, dans la langue supposée être l'hébreu, Josias est Yoshiyau, lequel est une altération du kikongo n'Kosiyau, à savoir le
lion --le roi-- qu'ils se sont choisis, yau déterminant le possessif à la 3e personne du pluriel.
- Quelle érudition, mon aïeul !
- C'est ce qui a impressionné les Portugais à leur arrivée sur nos terres. Ils croyaient trouver des sauvages incultes. Ils sont tombés sur des gens peut être pas aussi somptueusement
habillés qu'eux mais pratiquant une langue admirable et rompus à toutes les ficelles de la rhétorique.
- Je m'en suis toujours douté, figurez-vous, mon aïeul... Pouvez-vous m'en fournir quelques exemples ?
- Volontiers. Il faut savoir qu'on est toujours l'inculte ou l'analphabète de quelqu'un. Diego Cão et ses hommes n'ont pas tardé à se rendre compte que s'ils savaient lire et écrire à
leur manière, par le biais de cette écriture phénicienne alphabétique, le fait de savoir déchiffrer des signes afin d'en dégager un langage ne nous était pas du tout inconnu. Nos pères
étaient passés maîtres dans l'art de faire des parchemins. La matière première en était le cuir des moutons qui, travaillé selon un art ancestral, servait à écrire. D'où le mot
n'kanda --le cuir, la peau-- qui a toujours été utilisé pour désigner la lettre ou le livre. Pour "Bible", alors que les Portugais disaient "Biblia", nous nous disions n'kand'a
n'Zambi, le parchemin de Dieu.
- Mais comment se fait-il que ces fameux parchemins, ces n'kanda, ils n'en restent aucune trace ? Et que l'écriture dont ils étaient le support n'ait pas été transmise de génération en
génération ?
- C'est simple. Nos aïeux ont pris grand soin de faire disparaître toute trace de ces témoignages écrits de leur grandeur passée. En effet, Dieu a toujours suscité au sein de ce peuple
des prophètes qui dictent aux sages comment éviter les plus grandes catastrophes. Et pour n'importe quel peuple, la catastrophe des catastrophes est d'être anéanti, de disparaître à jamais. Ces
parchemins ont pour la plupart étaient gardés dans des lieux secrets et, parfois, enterrés dans des poteries à une profondeur respectable afin de ne point tomber en des mains ennemies. Le jour
où vous autres de la génération de la fin vous recouvrirez une vraie émancipation, celle de l'esprit, et que vous commencerez à déterrer les trésors enfouis dans les sous-sols de Kongo dia
n'Totela --vous appelez cela archéologie je crois--, vous aurez des surprises!
- Je ne comprends pas... Vous parlez d'un risque d'anéantissement, d'extermination. Pourquoi courions-nous un tel danger?
Le roi baisse la tête et se gratte la barbe d'un index dubitatif.
- Bon, dis-moi, pourquoi avons-nous appelé nos clans, nos tribus, mavila?
- J'ai une idée là-dessus mais je préfère en cueillir l'explication sur tes lèvres, ô vénérable aïeul...
Le roi éclate d'un rire franc. La blancheur de ses dents tranche sur son teint sombre et jette une lueur éclatante sur son visage buriné par les épreuves et l'âge.
- Tu es sage, n'Zeyitu. Il ne faut jamais faire étalage de son propre savoir quand on veut apprendre. Une éponge imbibée ne peut recueillir aucune goutte... Bon, un dilemme s'est posé à
nos ancêtres. Lorsque, conduits par un m'Bassi, un ange de n'Zambi/Le Créateur, ils sont arrivés ici, il leur a été demandé de prendre le nom de n'Kongo, zita dya
nza... Dans les temps futurs, ce sera le lieu de rassemblement de la terre entière, le nombril du monde. Isolele, --les élus-- dont l'altération dans les langues
qu'on appelle sémitiques a donné Israël, était trop explicite également. Donc, comment passer inaperçu tout en laissant un indice notable de cette volonté délibérée de disparaître, de
se cacher, là se situait le défi... Les Anciens ont décidé d'appeler nos douze tribus mavila. En un mot, il signifie tribus perdues. Le singulier de ce mot,
par ailleurs, est un ordre venu du ciel et transmis par l'ange de n'Zambi, le Créateur... Luvila ! Disparaissez !
- Je salue avec vénération la sagesse des Anciens. Quel autre exemple pouvez-vous nous donner, ô illustre n'Totela ?
- Tous les peuples du monde, même ceux que les "matériellement développés", qualifient de primitifs ont une cosmologie, une genèse par laquelle ils expliquent leur vision ou leur version
à eux du point de départ de toutes choses, d'où vient le monde, les hommes, les arbres, les rivières, les fleuves, les montagnes, les océans.
- C'est exact.
- Donc, avant l'arrivée des Mindele --les Blancs--, voici ce qu'enseignaient les Anciens Essi-Kongo concernant la genèse du monde:
1) Que tout ce qui existe n'est pas le fruit du hasard;
2) Que l'univers --le ciel et la terre-- a été créé par quelqu'un;
3) Que ce quelqu'un s'appelle n'Semi --le Créateur-- lorsqu'il est considéré dans sa globalité de Créateur mais n'Zambi lorsqu'il est fait référence à toutes les qualités
inhérentes à la Divinité. n'Zambi en effet est le superlatif emphatique de n'Semi. Les Essi-Kongo ont coutume d'ajouter à ce Nom --Shem en hébreu, tiré de
n'Semi-- l'épithète a m'Pungu, ce qui signifie "suprême, au-dessus de tout, Tout Puissant";
4) Que ce n'Zambi est le Père par excellence. D'où les deux termes en kikongo pour désigner le père. Le classique, qui est Essè ou Sè qui, sans que les Portugais ne
le sachent, a donné le terme Senhor dans leur langue, Sire et Sir en français et en anglais, et Tata.
Arrêtons-nous un instant sur ce dernier. Tata appartient à la même famille sémiologique que Tatu, qui signifie "trois". Les Essi-Kongo par l'analogie entre ces deux termes
sous-entendent que n'Zambi a m'Pungu, le Père, tout en étant unique Créateur, est trois dans la plénitude de Sa divinité. Les
Essi-Kongo ont donc été les premiers à avoir eu connaissance de cette notion qui a suscité et continuent, je crois, de susciter de nombreuses polémiques théologiques: celle de la Trinité...
- C'est extraordinaire, ô n'Totela. Je suis abasourdi quand même que les missionnaires européens n'aient pas vu ce qui paraît évident quand vous l'expliquez de manière si
simple...
Le sourire du roi Afonso 'Vemba 'Zinga se fait espiègle :
- N'est-ce pas, n'Zeyitu, que je t'ai dit qu'une éponge imbibée ne prend plus d'eau ? Les Mindele étaient tellement persuadés de leur supériorité qu'ils sont passés à côté de vérités
essentielles, surtout en ce qui nous concerne. Mais poursuivons:
5) Les Anciens ont appris à compter en lisant la nature, surtout le ciel et l'armée des cieux, le soleil, la lune, les étoiles... n'Zambi a inspiré leur langue afin d'y insérer
la cosmologie qui, bien des siècles après, a été consignée dans la Bible par Maza (Moïse), le Législateur. A savoir:
a) Mosi = n'Semi = n'Semo. Leçon: Un = Créateur = Jour Premier = Lumière. Explication : Il n'y a qu'un seul Créateur qui, le Premier Jour, a créé la Lumière, le fameux fiat lux
de la Bible en latin. Je t'apprends, fils, que j'ai étudié cette langue afin de mieux me rapprocher du texte biblique de l'origine...
b) Zole = Zulu. Leçon : Ce Créateur le Deuxième Jour a créé le Ciel.
c) Tatu = n'Toto = Titi. Leçon: n'Zambi le Créateur a, le Troisième Jour, formé la Terre et la Végétation.
d) Ya = Yalumuna = Yala. Le Créateur, le Quatrième Jour a rempli l'étendue (Yalumuna) du ciel avec le soleil, la lune, les étoiles et tous les astres.
Ceux-ci servent à présider (Yala) le jour, la nuit, les semaines, les mois, les années et les saisons. Ils servent aussi de boussole aux hommes, à leur orientation. Quand vous
dites s'orienter, n'est-ce pas par rapport au soleil, qui se lève toujours à l'est?
- Et tout cet enseignement avait cours au sein du Royaume Kongo avant l'arrivée des Mindele ? Des Européens ?
Le n'Totela me fait un clin d’œil complice.
- Eh oui, et ils ne se sont rendus compte de rien, même en étudiant notre langue en profondeur. Maintenant, mon fils, je te pose la question: entre eux et nous, qui étaient les plus
stupides ?
- Eux, évidemment, tout était dit dans notre langue.
Afonso 1er approuve de la tête et enchaîne:
- D'après le Père franciscain Aguiar, je le cite de mémoire tant son témoignage a flatté l'orgueil naturel qui se niche dans le cœur des fils de l'homme, Son Altesse Dom Afonso 1er
--votre serviteur-- "nous enseigne (aux missionnaires) et connaît les prophètes et l'Evangile de Notre Seigneur Jésus-Christ et les vies des saints et toutes les choses de
notre sainte Mère l'Eglise mieux que nous (les missionnaires) nous ne les connaissons."
- Vu avec le recul des 400 ans qui nous séparent, ô n'Totela, cela paraît incroyable. Comment pouviez-vous enseigner aux missionnaires ce que, eux, étaient venus nous enseigner
?
- C'est simple. La matière première était déjà là, pétrie et malaxée par notre culture dont le premier reflet est la langue, le kikongo.
L'histoire d'Abraham, l'homme droit et intègre, choisi par n'Zambi comme son porte-flambeau me rappelait celle de n'Singi, le père (Sè) de beaucoup (ngi) de nations
(n'Si-ngi), l'homme intègre --muntu a n'songi-- de wa singama, etc. http://www.123siteweb.fr/Fatima-Le-Secret/70806080.
L'histoire de Noé me rappelait celle de Noka, le prophète du Déluge --noka--.
L'histoire des deux jumeaux, Esaü et Jacob, me rappelait celle de n'Zuzi et n'Simba. D'ailleurs dans la tradition kongo, le nom de n'Simba a été donné au
jumeau le plus jeune parce qu'il tenait --simba-- le talon de son frère pour l'empêcher de sortir le premier. C'est de n'Simba, traduit en hébreu par
Yaacov --le talon-- que sont en fait issus les douze mavila. L'histoire de Moïse n'était pas sans rappeler celle de Maza, le grand législateur
--n'Yadi/Yuda-- celui qui a été sauvé des eaux, d'où son nom de Maza --eaux--. Je m'abstiendrai de citer d'autres exemples...
- En effet, tout concorde. C'est exactement comme un puzzle dont les différentes pièces s'emboîtent les unes aux autres.
- Telle était ma posture vis-à-vis de la Bible que nous étions sensés avoir découverte avec l'arrivée des mindele. C'était une histoire connue mais sous forme de matière
brute. Les mindele nous l'ont restituée sous une forme plus sophistiquée car au cours des siècles de notre luvila, notre disparition de
l'avant-scène du monde, des milliers de savants et d'érudits se sont penchés sur notre histoire, celle des n'Yadi/Yehudi, et sur les récits bibliques pour
l'analyser sous toutes les coutures, sans parler des colloques, conférences, synodes et conciles organisées par l'Eglise, pour assoir les bases du christianisme moderne. Nous, nous
en étions restés à la foi primitive de nos ancêtres, parmi lesquels la foi en un certain Kusua --l'oint de Dieu--, Yosua/Yehoshua, Jésus !
- Je crois savoir, ô n'Totela, que ce nom de Kusua tire son origine du verbe Kusa --oindre-- dont le mot n'Kisi est tiré. Et c'est n'Kisi/unkisi
qui a donné Christ !
- Je suis heureux de voir que ces vérités profondes n'ont pas échappé à ton esprit aiguisé, mon fils. Cela me rassure et me conforte dans l'idée que le moment du
luvutula --"restituez"-- après le luvila --"disparaissez! cachez-vous!"-- est arrivé.
- Nous travaillons pour cela, ô n'Totela, mais la tâche est ardue car les premiers sceptiques se rencontrent au sein même des enfants de
Kongo dont le cerveau a subi un lavage intégral de la part des mindele.
- Ne te décourage pas fils, moi-même, pourquoi me fait-on passer pour un traître ? C'est simplement pour avoir reconnu ce qui était à nous et avoir voulu le récupérer mais en usant de ruse pour
ne pas exposer notre peuple au péril. C'est la raison pour laquelle j'ai accepté de prendre le nom étranger d'Afonso car les Européens n'auraient pas compris que je refuse de prendre un nom
"chrétien" tout en professant Christ !
- Je comprends, ô n'Totela. Il a toujours été difficile d'être à l'avant-garde. Les prophètes issus de nos rangs l'ont appris à leurs dépens.
- Je sais que ton souci est de remettre les pendules à l'heure comme vous dites dans votre langage moderne. S'il y a un message que tu te dois de transmettre, envers et contre tout, c'est
de dire à ceux qui considèrent Christ comme un étranger qu'ils font fausse route. n'Zambi/Le Créateur a récemment suscité un
puissant prophète au sein de sa nation. Des sphères célestes où nous nous trouvons en ce moment, nous avons vu quels miracles il a accompli. L'esprit du Tout Puissant était en lui. Il a
pris le nom de Kimbangu pour porter témoignage de Celui qui doit venir. Ce prophète, s'il n'était pas dans la vérité aurait pu s'accaparer la gloire de celui qui vient tout bousculer, créant
une foi nouvelle, révolutionnaire...
Mais il ne l'a pas fait. Il a mis en avant la Bible et Christ dont il était le serviteur. Il a annoncé Christ non pas en Europe, en Amérique ou en Asie mais en Afrique. Et il y en a parmi vous
qui continuent à dire que Christ est un étranger ! Il était étranger en Europe quand les mindele se sont convertis. Du Noir qu'il est, les mindele en ont fait un
Blanc, avec par exemple ce peintre, ce Rembrandt qui osait se représenter lui-même dans les scènes bibliques qu'il peignait. La véritable hérésie se trouve en eux.
Comment les Essi-Kongo peuvent-ils ne pas reconnaître ce qui leur appartient? Kiaku kiaku, kiangani kiangani nous ont enseigné les pères. n'Zambi/Le Créateur a fait que dans
votre époque moderne, aucun autre prophète n'a réalisé, en Asie, en Europe ou en Amérique --au nom du Christ-- les miracles accomplis par le Témoin, Kimbangu.
Kimbangu a confondu les mindele qui ne comprenaient pas comment quelqu'un qui venait à peine de recevoir la Parole pouvait accomplir des miracles qu'eux-mêmes issus
de la "race supérieure" selon leur entendement ne parvenaient pas à réaliser !
Dis aux Essi-Kongo, aux Africains et à la Diaspora de se réveiller, d'ouvrir les yeux: Kiau kiau, kiangani kiangani.
Récupérez Christ, le vrai, le Kongo dia n'Totela, Roi de toute la terre. Le monde entier est appelé à s'abreuver à la source qui coule en Kongo.
Criez "récupérons ! récupérons ! ce qui est à nous!"
Moi, Dom Afonso 1er, j'ai ouvert Kongo à la lumière du Christ, j'ai mené campagne contre le fétichisme, le kindoki, la superstition, l'idolâtrie qui nous mettaient
du plomb aux pieds nous empêchant de nous élever dans la voie du progrès.
Mon plus grand regret est que les mindele ont profité de mon ouverture d'esprit, de la confiance que j'avais qu'ils étaient de vrais disciples du Christ, pour nous dérober notre
bien le plus précieux. Notre sang.
Ce sang se retrouve de vos jours à des milliers de km en Amérique du nord, du centre, du sud, aux Antilles. Mais je sais que là aussi, le RECUPERONS jouera son rôle le moment venu
car il est écrit que ceux qui nous ont été volés reviendront ici à un signal donné, signal qui viendra du Christ lui-même !
- Merci, ô illustre aïeul, le message sera transmis jusqu'à ce que ce peuple se réveille !
- Que n'Zambi a m'Pungu Tulendo, Créateur des cieux et de la terre, te bénisse ! Ne te décourage pas, nous sommes avec toi.
Pasteur Melo, Paris, le
18 avril 2012