Forum Angolano de Reflexão e de Acção.
29 Août 2012
KINSHASA - Coup de pouce à la démocratie et aux droits de l'homme, ou coup d'épée dans l'eau? Les Congolais sont divisés sur l'impact de la venue de François Hollande au sommet de la Francophonie, prévu du 12 au 14 octobre à Kinshasa.
Le chef de l'Etat français a annoncé lundi sa participation à cette conférence en République
démocratique du Congo (RDC) qui est historique pour l'Afrique centrale, puisque un sommet prévu en 1991 dans l'ex-Zaïre avait été
délocalisé à Paris en raison des exactions du régime du dictateur Mobutu (1965-1997).
A Kinshasa, François Hollande veut réaffirmer que "la Francophonie, ce n'est pas simplement une langue
en partage, mais aussi une communauté de principes et d'idéaux dont le rappel à chaque occasion est
nécessaire, et notamment en RDCogo, mais pas seulement là".
Si cette visite "peut jouer pour que les choses évoluent positivement dans la consolidation de la démocratie, dans le respect des droits des droits de l'homme et de la
lutte contre l'impunité, nous ne pouvons que la saluer", estime Jonas Tshiombela, président de l'ONG Nouvelle
société civile congolaise (NSCC).
Pas d'accord, répond une autre association: "Le président français va marcher sur le cadavre de la RDC,
observer comment les Congolais meurent, comment les défenseurs des droits humains sont harcelés, comment les populations congolaises vivent dans la
détresse, une pauvreté extrême", estime Dolly Ibefo, directeur exécutif de la Voix des sans Voix.
Le fondateur de cette ONG, Floribert Chebeya, avait été assassiné en juin 2010 et le corps de son
chauffeur Fidèle Bazana n'a jamais été retrouvé. Si huit policiers condamnés -dont trois en fuite-
sont rejugés, les parties civiles réclament la comparution du général John Numbi, le chef de la police, suspendu depuis l'affaire et qu'elles considèrent comme le "suspect numéro un".
M. Hollande doit "savoir pourquoi l'Etat congolais avait planifié l'assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, parce que nous sommes convaincus, tous, que le double assassinat de ces défenseurs des droits de l'Homme est un crime d'Etat", affirme Dolly Ibefo.
Le principal parti d'opposition, l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), avait réclamé
la délocalisation du sommet et une association de Français d'origine congolaise avait saisi la justice française pour empêcher la tenue de la réunion. Objectif: ne pas cautionner le régime du président
Joseph Kabila, reconduit au pouvoir en 2011 après de scrutins contestés.
Le président français, qui effectuera sa première visite en Afrique depuis son élection en mai, a promis de rencontrer "l'opposition
politique, les militants associatifs, la société civile. C'est le
sens de la nouvelle politique africaine de la France:
tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait".
L'Association africaine de défense des droits de
l'homme espère "que les points de vue de l'opposition et
de la société civile vont être répercutés auprès des autorités
congolaises et que la France prendra des dispositions pour que ce qu'elle va dire soit mis en oeuvre",
explique son président, l'avocat Jean-Claude
Katende.
Certains soulignent cependant que la venue de François Hollande est également liée aux "intérêts français". Il "a bien dit qu'il allait axer sa politique étrangère sur l'économie, et la RDC n'est pas la dernière" en termes de richesses, notamment minières (or, diamant, coltan, cassitérite...), rappelle Hubert Kabungulu, analyste politique.
"Pour la population, l'arrivée de François Hollande ne changera rien, commente son confrère
Thierry Nlandu. L'essentiel est que les Congolais prennent conscience que c'est à eux de
transformer leur pays et de continuer un combat contre un système qui les exploite, en a fait des sous-hommes."
Angop