Forum Angolano de Reflexão e de Acção.
18 Décembre 2011
Par Basile Diatezwa
Février 2005
Chers Frères et Soeurs Ne-Kongo,
À la veille de l'indépendance, certains de leaders de l'ABAKO avaient exigé l'indépendance totale pour le Kongo
Central. Leur argument était simple: quand des esclaves sont affranchis d'un maître, chacun regagne son groupe
d'origine ; s'ils se décident de fonder une communauté de destin, ils doivent s'accepter mutuellement à travers une volonté commune.
La Belgique qui voulait garder son pied à terre en Afrique pour ses intérêts économiques, à user de toutes les manipulations pour casser cette
aspiration émancipatrice des Bakongo ; pour les Belges, accepter l'indépendance du Kongo-
Central c'est détruire leur œuvre coloniale, leur patrimoine.
Le Congo devient indépendant à l'époque de la guerre froide quand chaque puissance veut avoir ses zones d'influences stratégiques en Afrique. Le Premier Ministre LUMUMBA, qui radicalise
ses positions vis à vis de la Belgique, se voit accuser de faire le jeu des communistes ; les conservateurs belges initient la sécession katangaise et la vie de Lumumba est sacrifiée pour
faciliter la réunification du Congo. Le système fédéral est remplacé par un
pouvoir centralisé à Kinshasa, ce qui permet à des puissances extérieures d'influencer les décisions politiques au profit de leurs intérêts économiques.
L'ancienne residence oficielle de rois Kongo "Yala Nkuwu", aujourd'hui Musée de la culture, à Mbanza Kongo.
Quand le Président Joseph KASA-VUBU commence à comprendre les enjeux, le Général MOBUTU est poussé à prendre le pouvoir et devient le rempart attitré contre le communisme en Afrique centrale. Pendant 32 ans, la tyrannie a été soutenue sans atermoiement par tous ceux qui aiment l'Afrique sans les Africains; l'œuvre de destruction de la Deuxième République a été tragique non seulement pour le Congo, mais pour toute la région de l'Afrique centrale.
Qu'on se rappelle par exemple du rôle de cheval Troie joué par le Président
MOBUTU dans la guerre civile en Angola! Toutes ces forces extérieures qui ont soutenu la mauvaise gouvernance au Congo se retrouvent cyniquement dans le processus actuel, tirant comme
toujours, leur épingle du jeu. Aujourd'hui, nous nous retrouvons le bec dans l'eau à la grande joie de ceux qui n'ont jamais voulu notre émancipation politique et notre souveraineté, s'activant
pour une
autre forme de notre recolonisation.
Avant d'être des Congolais et des Africains, chacun de nous a une identité culturelle dont nous avons le devoir d'assurer la survie. C’est ce que font les flamands, les
écossais, les irlandais, les yoruba,…
Depuis le 15ième siècle, le Peuple Ne-Kongo est violenté pour le bien-être des autres peuples;
· la colonisation a laissé en nous des traumatismes qui nous poursuivent 45 ans après l'indépendance.
· Les Ne- Kongo, comme d'autres groupes culturels, ont été victimes de la mauvaise gouvernance depuis 1960 ; l'exemple du système des quotas pour l'accession à l'enseignement discriminant les Ne-Kongo et les Baluba.
· Subissant des politiques extraverties des gouvernants manipulés par certains milieux étrangers, le Peuple Ne-Kongo dépéri au profit d'une massification des groupes humains voués à la servitude dans des espaces considérés comme des réserves pour l'enrichissement des autres;
· des projets de privatisation de nos espaces, comme l'Emphytéose Moanda, sont montés à notre insu avec la complicité des dirigeants congolais et d'une certaine élite Ne-Kongo narcissique, manipulée et corrompue.
Aujourd'hui,
· la région du Bas-Congo est livrée à la prédation ;
· la langue kikongo est évincée au profit de la langue de celui qui a le pouvoir à Kinshasa ;
· la femme Ne-Kongo, qui doit assurer et éduquer notre progéniture est prostituée et exposée au SIDA ;
· les richesses ne sont pas créées car les villages sont abandonnés par les jeunes qui ne reçoivent plus une bonne instruction, et donc n'ont aucun avenir dans la région.
· L'élite Ne-Kongo, dans sa majorité, ne se rappelle de son appartenance culturelle et de sa région que quand ses intérêts personnels sont menacés.
Bref, la région du Bas-Congo se meurt, l'identité Ne-Kongo s'efface, le peuple Ne-Kongo est embarqué dans un processus d'extinction!
Nous ne voulons pas que le Congo crève, mais nous refusons la disparition du Peuple Ne-Kongo, à l'exemple du Peuple
Flamand qui survit!
Pour assurer notre survie et être maître de notre destin,
· nous devons exiger la décentralisation politique et économique, et tout de suite!
L'Etat unitaire devient un goulot qui étrangle les aspirations de liberté des populations congolaises ; cette forme d'Etat qui perdure depuis 1960, ne sert que des intérêts étrangers et ne peut favoriser notre épanouissement; ainsi, le projet actuel de constitution ne répond pas aux attentes du Peuple Ne-Kongo.
· Certains milieux belges pilotent le processus actuel qui doit légitimer, par des élections tronquées, un pouvoir léopoldien à travers un leadership fantoche qui n'est pas à la hauteur des problèmes qui se posent dans notre pays, mais qui sera sous l'emprise de leurs intérêts. Tous les Ne-Kongo animateurs de la transition actuelle ne représentent qu'eux-mêmes; ceux qui sont dignes de défendre le Peuple Ne-Kongo doivent démissionner.
Nous demandons à tous les Ne-Kongo, partout où ils trouvent, de s'organiser en un seul mouvement pour influencer les évènements politiques dans le sens de nos aspirations, exiger la requalification de la transition et proposer le fondement institutionnel d'une communauté de destin. Nous vous prions de prendre contact avec nous pour une concertation stratégique.
Source: nekongo.net